L’application Luna vise à faciliter le diagnostic et le suivi de l’endométriose
Luna offre une aide au diagnostic de l’endométriose par le calcul d’un score de risque et veut favoriser le dialogue patiente-médecin. Une deuxième interface sera bientôt opérationnelle pour s’intégrer dans les outils des professionnels de santé.
Il a fallu une quinzaine d’années de recherche au Pr Charles Chapron, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Cochin (AP-HP), pour valider scientifiquement le premier test qui évalue le score de risque endométriose pour en réduire le délai de diagnostic. Celui-ci a fait l’objet d’une application, My Endo App, créée en 2018, qui a ensuite évolué pour intégrer une dimension d’accompagnement. Plus complète, la nouvelle application s’appelle Luna et a été officiellement lancée début novembre 2021. « Initialement, l’application devait servir au dépistage et aider au diagnostic pour permettre d’orienter la patiente vers une consultation spécialisée, détaille à Hospimedia Mael Krejci, qui dirige la start-up. Mais les utilisatrices ont vite demandé un suivi après le diagnostic, donc on a tout repensé.«
L’application Luna intègre toujours une première partie dédiée au dépistage. Aidée par l’intelligence artificielle (IA), elle identifie pour la patiente le risque d’être atteinte d’endométriose via un algorithme conçu avec des experts médicaux. Un moyen de réduire le délai diagnostique de l’endométriose qui est de sept ans en moyenne. « Deux gynécologues, les Pr Charles Chapron et Dr Jean-Philippe Estrade, se sont rendu compte qu’apparaissait trop souvent l’option de la chirurgie pour dépister l’endométriose. Lors des entretiens avec leurs patientes, ils ont aperçu des marqueurs qui semblaient indiquer un fort risque d’avoir de l’endométriose« , précise Mael Krejci. Après des études cliniques, ce dispositif médical CE offre ainsi la possibilité de calculer un score de risque à partir d’un questionnaire complété par son utilisatrice. Ce score aide au dépistage de l’endométriose et évalue la qualité de vie et les douleurs de son utilisatrice.
Un outil personnalisé utile pour la patiente et le médecin
Désormais, l’outil délivre également à la patiente des conseils et alertes personnalisés sur l’endométriose ou les troubles du cycle menstruel, en incluant entre autres un agenda et un pilulier virtuel. Un plus pour la qualité de vie de la patiente mais aussi pour le médecin. Les données rentrées dans l’application permettent en effet à ce dernier de disposer d’un descriptif très détaillé de la santé de la patiente et de ses traitements. Pour l’instant, seule l’interface destinée aux patientes est opérationnelle. L’entreprise travaille actuellement à la transmission de documents sécurisés entre la patiente et le médecin, idéalement en intégrant l’application sur Mon espace santé, afin que le professionnel accède à un résumé de ce que la patiente a vécu les mois précédant le rendez-vous. Pour l’instant, la patiente peut présenter elle-même les résultats de ses questionnaires et le graphique de son état de santé à son médecin. Luna se donne ainsi pour objectif de faciliter le dialogue entre eux.
Contribuer à l’éducation thérapeutique
« L’application permettra de générer des synthèses vulgarisées d’un point de vue scientifique pour la patiente et des synthèses médicales et scientifiques avec une terminologie beaucoup plus adaptée au médecin« , précise le CEO. Les synthèses sont également intéressantes pour que le médecin soitcapable »d’identifier beaucoup plus rapidement le bon traitement pour chacune des femmes, de façon très personnelle avec la bonne pilule et avec le bon dosage« . L’interface destinée aux professionnels de santé sera testée dès début 2022. Pour contribuer à l’éducation thérapeutique des patientes, les différents contenus de l’application ont été validés par un comité scientifique de 16 médecins. Aujourd’hui, près de 700 femmes utilisent l’application, avec un abonnement à moins de deux euros par mois. « Le premier mois est toujours gratuit pour permettre à toutes les femmes de se faire dépister« , précise Mael Krejci, qui espère un jour obtenir le remboursement de ce dispositif médical.